
Dimanche 25 mai 2025
Cette phrase, à la fois provocante et pleine de vérité, nous invite à plonger dans le paradoxe fondamental de l’art littéraire. Le romancier, artisan des mots, sculpteur d’univers imaginaires, est un maître dans l’art de la fiction, de la tromperie consentie. Il tisse des récits qui ne sont pas vrais, des personnages qui n’existent pas, des mondes qui n’ont jamais été. Pourtant, cette imposture n’est pas une trahison, mais une offrande.
Le mensonge du romancier est un mensonge sacré, un mensonge qui libère. Car dans chaque mensonge, il y a une vérité plus profonde, une vérité de l’âme, une vérité émotionnelle et existentielle. Le romancier ne ment pas pour tromper son lecteur, mais pour l’emmener ailleurs, pour lui ouvrir des portes invisibles, pour éveiller en lui des rêves enfouis.
Ce mensonge est un acte de création, un acte de courage. Le romancier s’autorise tous les droits, car il est le souverain de son royaume imaginaire. Il peut plier le temps, déformer l’espace, inventer des lois, des destins, des amours impossibles. Mais avec ce pouvoir immense vient un devoir unique : celui de faire rêver.
Faire rêver, c’est offrir une échappatoire, un refuge, une lumière dans l’obscurité du quotidien. C’est inviter le lecteur à voyager au-delà des limites du réel, à explorer les profondeurs de son propre être à travers le miroir des histoires. Le rêve est une forme de vérité, une vérité qui transcende les faits, qui touche le cœur et l’esprit.
Le romancier est donc un menteur nécessaire, un magicien des mots, un passeur d’émotions. Son mensonge est un pont entre le réel et l’imaginaire, entre le visible et l’invisible. Il construit des ponts fragiles mais essentiels, qui permettent à l’humanité de se réinventer, de se comprendre, de s’aimer.
Dans ce jeu subtil entre vérité et mensonge, le romancier révèle aussi sa propre humanité. Il expose ses doutes, ses peurs, ses espoirs à travers ses personnages. Chaque mensonge est une confession déguisée, chaque fiction un fragment de vérité personnelle.
Ainsi, le pire menteur est aussi le plus grand des véritables, car il nous offre ce que la réalité ne peut toujours donner : le rêve, l’évasion, la beauté. Il nous rappelle que la vie elle-même est une histoire que nous nous racontons, et que sans mensonge, il n’y aurait pas de poésie, pas d’art, pas d’âme.
Alors, célébrons ce mensonge noble, ce devoir sacré du romancier. Car c’est grâce à lui que nous pouvons rêver, espérer, et parfois, nous retrouver.
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